Paris, cartes non postales


 

Dans cette série photographique de monuments emblématiques parisiens, je cherche à interpeller le lecteur sur le « fordisme photographique » : la photographie à la chaîne, en quantité, standardisée.

La photo touristique à Paris en est le parangon : cadrages similaires, visées comparables, tout est automatisé : netteté, lumière, il suffit d’appuyer sur un bouton ou un écran pour réaliser une « belle photo ». Cette « belle photo » se retrouvera à l’identique sur des millions de pages internet.
« Bien que le champ du photographiable s’élargisse, la pratique photographique n’est donc pas plus libre pour autant puisque l’on ne peut photographier que ce que l’on doit photographier et qu’il est des photographies que l’on se doit de « prendre » comme il est des sites et des monuments que l’on se doit de faire. » Pierre Bourdieu, Un art moyen, Essai sur les usages sociaux de la photographie. Cette citation, 40 ans après sa parution, est toujours d’actualité, les avancées technologiques n’ont fait, selon moi, qu’accroître cette réalité et la rendre « industrielle ».

A ce fordisme photographique, j’oppose la photo ratée, celle qu’aucun touriste ou personne saine d’esprit ne prendrait comme souvenir et ne donnerait à voir. J’utilise le mobilier urbain comme point fort, le monument n’étant qu’un élément annexe. Le « beau », communément admis, devient alors secondaire, accessoire.

Aujourd’hui « rater » ses photos n’est-il pas plus difficile que de les « réussir » ?

Cette série est présentée sous marie-louise de 60x80
(cliquez sur la photographie pour agrandir)